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25 octobre 2007

La Légende des Enfants Noyés

L’histoire d’Aarlin et d’Onfrid a pour décor cette forêt à une lointaine époque où la terre sur laquelle elle se trouve appartenait au puissant comte Krow.  Le comte Krow régnait sur un vaste territoire et cette forêt lui servait de domaine de chasse, quand le gibier était abondant en fin d’automne et en début d’hiver il s’y rendait avec ses pairs, après avoir poursuivi des chevreuils, des cerfs et des sangliers pendant toute une journée le comte allait souvent se reposer dans un petit pavillon qu’il avait fait construire au cœur des bois près des étangs.  C’était un simple bâtiment en pierre, pas bien grand qui en l’absence du maitre des lieux était occupé par un garde chasse qui y habitait avec son fils Onfrid. 

Cela faisait déjà de longues années que le grande chasse était au service de Krow et Onfrid ne connais pas d’autre maison que ce pavillon, il y était né et y avait grandi.  La forêt était sa plaine de jeux, il en connaissait tous les recoins, il savait où se cachaient les animaux pendant les parties de chasse et où nichaient les oiseux, il savait les reconnaitre à leur cris et au cours de ses promenades il avait également découvert l’emplacement des trésors... Parfois quand un animal avait été blessé au cours d’un partie de chasse Onfrid allait le soigner en cachette en pleine nuit sans que son père ni le compte ne le voient.

Un beau jour, Aarlin, une lointaine cousine d’Onfrid lui rendit visite, les enfants ne s’étaient jamais vus auparavant mais ils devinrent rapidement amis.  Aarlin venait d’une grande ville et n’avait qu’une vague impression de ce qu’était la forêt et pendant les deux mois d’été qu’ils passèrent ensemble Onfrid lui fit découvrir tous les secrets de la forêt ils nagèrent dans les étangs, grimpèrent aux arbres mangèrent des framboises, des fraises, de myrtilles, écoutèrent des chants d’oiseaux et le brame du cerf...

Toutefois le père d’Onfrid leur avait interdit de s’approcher du château du comte Krow. Situé de l’autre côté de la forêt au milieu d’une grande plaine le château était entouré de magnifiques jardins où le comte aimait se promener.  Par ailleurs le comte avait de nombreuses personnes à son service qui nettoyaient le château, s’occupaient du jardin, préparaient les repas...

Mais bravant l’interdit les enfants finirent par aller jouer dans les jardins du château, une fois, deux fois en fait jusqu’à ce que le comte les y ait aperçus et reconnu Onfrid, et bien qu’il n’avait jamais vu Aarlin avant il la trouva fort jolie et se dit qu’elle pourrait faire une bonne servante.  Envoyant immédiatement des gardes saisir les enfants il décida de renvoyer Onfrid chez son père et affecta Aarlin aux fourneaux.  Onfrid avait essayé de se les défendre tant bien que mal en expliquant à Krow qu’Aarlin était sa cousine et que bientôt elle devrait repartir chez-elle, rien n’y fit puisqu’elle s’était trouvée sur le territoire du compte, il pouvait en disposer à sa guise.

Le père d’Onfrid était au service du comte suffisamment longtemps pour savoir que ce dernier ne changeait presque jamais d’avis et bien qu’il fût en colère contre son fils il décida de l’aider malgré tout... Quelques temps par après, Onfrid et son père se rendirent de nuit au château de Krow, mais quand ils arrivèrent près du château le père dit à son fils : « Tu resteras ici à côte de la porte sur laquelle donnent les passages secrets, moi je m’introduirais dans le château et je libérerai Aarlin, dès qu’elle sera dehors curez vers dans la forêt... ne m’attendez-pas »

C’était une nuit sans lune, froide et venteuse, la sombre masse de la forêt s’agitait dans un bruissement sourd et menaçant, et semblait avoir fait corps avec les nuages bas... une nuit idéale pour s’enfuir pensa Onfrid et s’appuyant contre l’épais mur à côté de la porte.  Soudain elle s’ouvrit laissant s’échapper dans la nuit une silhouette chétive tenant une torche que le vent à tôt fait d’éteindre. C’était Aarlin...

Se tenant par la main pour ne pas se perdre les enfants n’avaient pas encore pénétré dans la forêt que déjà ils entendirent derrière eux des aboiements de chiens et des bruits de pas... le plan de son père aurait-il échoué, se demanda Onfrid alors qu’ils étaient avalés par les ténèbres de la forêt...

Le comte Krow était dans tous ses états, il avait réveillé tout le château et n’en revenait toujours pas d’avoir été si lâchement trahi par son garde chasse et il n’attendait plus que le retour des gardes avec les enfants pour infliger la punition qui se doit au traitre...  Dehors un orage s’était déchainé mais les gardes tardaient et lorsqu’ils revinrent c’était sans les enfants.  « Et alors », vociféra le comte « ils se sont noyés dans l’étang » répliquèrent les gardes, « tant mieux, vous pouvez le relâcher » ajouta Krow en se retirant.

Le comte ne vint plus jamais chasser dans la forêt et baptisa la pièce d’eau, l’Etang des Enfants Noyés.  Le père était effondré, toutefois il ne quitta pas le pavillon et ayant retiré du fond de l’étang ce qu’il restait du trésor, il racheta au comte Krow l’étang, une partie de la forêt et le pavillon qu’il transforma en moulin a eau.  Et depuis lors le vieux meunier racontait à qui le souhaitait pourquoi ce lieu s’appelait ainsi en terminant toujours son récit par cette phrase : « en écoutant le bruit de l’eau qui fait tourner la roue du moulin je crois entendre les rires d’Aarlin et d’Onfrid. »

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